Par: François L. Nadeau, instructeur sauvetage en eau vive et en zone inondée ainsi que technicien en accès sur corde.
L’association entre les nœuds et l’univers nautique a toujours été un automatisme. Que ce soit pour la voile ou les embarcations de pêche, les marins utilisent une variété de nœuds plutôt impressionnante.
Bien qu’il puisse être pertinent de connaître plusieurs nœuds, dans un contexte de sauvetage, il est préférable de se concentrer sur les plus faciles à exécuter, ceux ayant de bonnes propriétés et répondant à des besoins précis pour le contexte. La capacité de manipuler des cordes et d’effectuer toutes sortes de nœuds selon le contexte et l’équipement est une compétence de base en sauvetage nautique. Chaque nœud a une fonction particulière, convient à des utilisations précises, et a des limites qu’il faut connaître. Autrement dit, savoir faire des nœuds c’est bien, mais il faut surtout choisir le bon nœud pour le bon usage.
À noter que plusieurs nœuds très pertinents ne sont pas présentés ici. J’en ai sélectionné quelques-uns que j’utilise fréquemment dans un contexte de sauvetage.
1. Le nœud papillon
Sans aucun doute mon nœud favori. Très polyvalent, facile à exécuter (même avec de gros gants de sauvetage sur la glace), relativement facile à dénouer, il permet des ajustements faciles et conserve environ 70 % des propriétés du cordage.
Le nœud papillon est normalement utilisé comme point d’ancrage fixe, mais multidirectionnel, sur une corde. Ses usages sont extrêmement nombreux. Il peut permettre de mettre en place une poignée, isoler une section de corde, confectionner un ancrage, etc. Cependant, la force du nœud papillon diminue lorsque l’angle de traction se rapproche de la corde sur laquelle il est fait.
2. Le nœud en huit (et sa grande famille)
Les nœuds en huit sont la base du sauvetage avec cordes. Ils sont faciles à utiliser et à inspecter. L’avantage des nœuds en huit est qu’ils sont faciles à faire et à défaire, même lorsqu’ils sont soumis à de lourdes charges. Ils font partie des nœuds qui conservent le plus de propriétés sur le cordage, soit près de 80 %. Le nœud en neuf, plus méconnu, conserve près de 90 % des propriétés sur le cordage, mais on lui préfère malgré tout le huit puisqu’il est plus facile à inspecter. Les nœuds en huit simple, double et filé sont assurément des essentiels à maîtriser parfaitement.
3. Le nœud de chaise
Aussi appelé bowline ou bouline. Facile à faire et surtout facile à défaire, et ce, même s’il a été soumis à une importante tension. Ses usages sont très variés dans le domaine nautique, il est donc pertinent de l’avoir dans son coffre à outils. Il peut être utilisé pour amarrer une embarcation ou encore pour fixer une ligne d’attrape flottante sur une bouée.
Cependant, ce nœud affecte grandement les propriétés de la corde. C’est pourquoi il sera généralement utilisé pour sécuriser des équipements. De plus, en raison d’un risque de glissement s’il n’est pas sous tension, il peut être complété par un nœud d’arrêt.
4. Le nœud de Prussik
Le nœud de Prussik est fait à partir d’une cordelette bouclée et est relié par un nœud de liaison comme un nœud de pêcheur double (lui aussi un essentiel). Ce nœud sert à créer un ancrage multidirectionnel et mobile sur une corde sous tension. Le nœud de Prussik est idéal lorsqu’il est sous tension. Autrement, il coulisse le long de son point d’ancrage. Un relâchement de la tension peut ainsi permettre au nœud d’être mobile sur une corde de type « traction line ». Il sera principalement utilisé pour confectionner des systèmes d’avantage mécaniques ou encore des systèmes d’assurage en plan semi-incliné.
Cependant, le nœud risque d’abîmer continuellement la corde. Il faut donc bien inspecter la corde après l’avoir utilisée.
5.Le nœud sans nœud (3 tours morts)
Ce nœud permet d’effectuer un ancrage facilement, rapidement et efficacement. Lorsque la situation le permet, ce type d’ancrage/nœud devrait toujours être favorisé, car il s’agit du seul nœud qui n’affecte pas les propriétés du cordage. Il permet également un ajustement facile de la tension sur le cordage, car il est possible « d’avaler » le cordage dans le nœud.
Essentiellement, il s’agit de profiter de la friction du cordage sur un objet pour empêcher la corde de glisser. Trois tours ou plus sont nécessaires, puis l’excédent de corde qui n’est pas sous tension doit être fixé au brin vivant pour bloquer le système.
En conclusion, n’oubliez pas de pratiquer! S’exercer à faire des nœuds nécessite peu d’équipements et ne nécessite pas de grands déploiements. Il est possible de se pratiquer dans son salon en regardant la télé. La confection des nœuds devrait être facile. Lors d’un sauvetage, vous devrez possiblement les exécuter dans des contextes peu favorables. : stress, froid, faible luminosité, avec des gants, etc. « Practice makes perfect ».