Par: François L. Nadeau, instructeur sauvetage en eau vive et en zone inondée, sauvetage sur glace et en eau froide et sauvetage nautique.
À noter que nous ne sommes pas des experts en drones. Toutefois, en tant que passionnés du sauvetage nautique, nous sommes toujours à l’affût des nouvelles tendances et à la recherche des meilleurs équipements et outils. Nous avons souvent profité du travail des drones pour faciliter le repérage de sections de rivières difficilement accessibles ou pour capter des images spectaculaires de notre travail. Il est facile d’imaginer l’univers de possibilités offert par ces équipements. De plus en plus, nous entendons parler de l’usage de drones dans le domaine de l’incendie, dans les opérations de recherche et sauvetage ou lors d’opérations policières.
Les technologies peuvent faciliter la vie des intervenants, maximiser leurs ressources, assurer leur sécurité et, ultimement, elles permettent de sauver des vies. Étant devenus plus abordables, depuis quelques années, les drones ont fait leur entrée dans le monde de la recherche et du sauvetage. Ces petits objets volants se sont montrés particulièrement efficaces dans un contexte nautique. Ils seront sans aucun doute une tendance lourde dans notre domaine au courant de la prochaine décennie.
Il existe de plus en plus de cas où nous pouvons affirmer que les drones ont fait la différence. Jusqu’à maintenant, ils ont été particulièrement utiles pour la collecte d’informations et le repérage des victimes. À titre d’exemple, en 2015, la ville de Chennai en Inde, une ville de 4,6 millions d’habitants, a été frappée par des inondations majeures. Les drones ont permis de balayer rapidement la zone sinistrée et de repérer des victimes. Il est estimé que plus de 200 personnes ont pu être sauvées grâce aux images rapportées par les drones. La vue du ciel permet d’évaluer rapidement la situation sur une grande superficie réduisant ainsi les effectifs nécessaires pour localiser les sinistrés. L’entreprise de télécommunications AT&T s’est également servie de drones pour assurer le maintien des communications dans la zone sinistrée lors des inondations de Porto Rico en 2017.
La vue des airs se veut particulièrement intéressante lorsqu’on la combine avec des images thermiques. L’imagerie thermique est utilisée dans le domaine militaire depuis les années 1960, mais elle est plus largement disponible pour le public que depuis les années 1990, et ce n’est que récemment que l’on a combiné celle-ci avec les drones. Imaginez à quel point la recherche d’une victime perdue en forêt ou sur un plan d’eau peut être facilitée avec de tels outils.
Bien que l’achat d’un drone puisse représenter une dépense considérable pour les organisations, les coûts pour une opération de recherche et sauvetage seront significativement réduits. À titre de comparaison, le coût d’utilisation d’un hélicoptère peut être d’environ 2 000 $ l’heure comparativement à 500 $ l’heure pour le drone, soit quatre fois moins cher. Sans oublier qu’il est fort probable que les opérations assistées d’un drone nécessitent moins d’effectifs terrain qu’auparavant.
Au-delà de la collecte d’informations, certains drones peuvent transporter de petites charges. Ils ont été utilisés dans bon nombre de situations pour faire parvenir des vivres, des médicaments et des ressources essentielles pour des victimes de catastrophes naturelles. En Caroline du Nord, des drones transportant des défibrillateurs cardiaques ont été testés, ceux-ci étaient en mesure d’arriver sur le lieu d’intervention plus rapidement que les paramédicaux. Sur les plages de la côte Est américaine, certains drones transportent des dispositifs flottants. Lorsqu’une victime est à risque de noyade, un dispositif autogonflant est largué à l’eau et une plateforme flottante de près de deux mètres est alors déployée. Des opérations banales comme le passage d’une corde au-dessus d’un plan pour la confection d’un bateau passeur sur ligne fixe, par exemple, peuvent être grandement facilitées avec les drones. Le fait qu’un cordage puisse être transporté sur des centaines de pieds remet en perspective ce que nous pensons savoir par rapport à l’utilisation de ceux-ci pour le sauvetage nautique.
Par ailleurs, si nous pensons à la sécurité des intervenants, l’utilisation de ces petits engins aériens permet de réduire significativement l’exposition des intervenants à des environnements à haut risque. Nous sommes encore très loin de pouvoir remplacer les pieds sur le terrain de personnel qualifié et compétent, mais dans une optique de hiérarchisation des mesures de prévention, plus d’actions peuvent maintenant être exécutées à partir de la zone froide. Ces technologies aident à orienter adéquatement les interventions et permettent bien souvent de gagner un temps précieux.
Bien que les drones aient démontré leur efficacité dans bon nombre de situations, ils présentent encore plusieurs limitations. Ils peuvent se déployer rapidement et voler dans plusieurs types d’environnement et dans des espaces restreints. Ils peuvent parfois même se rendre dans des endroits ou des équipes ne peuvent pas se rendre directement et rapporter de l’information cruciale, mais la durée de vie des piles demeure un enjeu important. Actuellement, la majorité des drones non militaires ont un temps de vol limité à environ 45 minutes et cette durée sera fortement affectée par les équipements que l’engin doit transporter. Pour que les drones atteignent le plein potentiel, la capacité des piles devra être améliorée. Il s’agit également de l’une des raisons pour lesquelles l’implantation des drones est plus difficile au Québec que chez nos voisins du Sud, car nous savons que le froid réduit de façon significative le temps de vol déjà trop court. Le vol dans une variété de conditions climatiques difficiles soulève encore des questions. Nous savons trop bien que les interventions n’arrivent pas nécessairement lorsqu’il fait beau.
Au-delà des limitations de la technologie elle-même, il y a encore une réticence des organisations à utiliser des drones en raison de la grande méconnaissance de cette technologie qui subsiste. Il n’est pas toujours évident non plus de comprendre et de respecter les conditions pour l’usage professionnel de ces engins. Bien entendu, il faudra éventuellement des formations adaptées à l’utilisation de ces technologies et elles devront être pris en compte dans la gestion des interventions. Une bonne gestion d’intervention permet de maximiser l’utilisation de votre personnel, mais aussi de vos équipements.
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