Être un bon intervenant en eau vive avec SIFA

Par: François L. Nadeau, instructeur sauvetage en eau vive et en zone inondée, sauvetage sur glace et en eau froide ainsi que technicien en accès sur corde.

 

1. La lecture de rivière et l’analyse de l’environnement

Une bonne analyse de l’environnement comprend bien entendu la reconnaissance des différentes zones d’intervention. Les zones d’intervention délimitent les différentes zones de risques et, par le fait même, les connaissances, compétences et équipements que les intervenants doivent avoir pour s’y aventurer.

Par rapport au plan d’eau lui-même, les intervenants doivent reconnaître les facteurs physiques qui altèrent la vitesse du courant et forment les rapides en plus d’être en mesure de s’orienter adéquatement par rapport au cours d’eau. Il est ensuite nécessaire d’identifier les risques et dangers présents dans l’environnement pouvant avoir un impact lors de l’intervention. Il s’agit d’une étape critique pour assurer la santé et la sécurité des intervenants. En eau vive, les dangers, et les risques qui y sont associés peuvent être très nombreux, et il faut d’abord réfléchir à des mesures qui permettront de contrôler ou d’éliminer les risques observés. Lignes de cisaillement, rouleaux à rappels, affouillements, passoires, contaminants, eau froide ne sont que quelques-uns des dangers qui peuvent être observés lors d’une intervention en eau vive.

En règle générale, l’acronyme C.O.R.P.S permet d’effectuer une bonne lecture de base du rapide qui se trouve devant nous. Cet acronyme nous mène à analyser les Courants, les Obstacles, la Route, les Points de repère et, finalement, la Sortie. Au-delà de la santé et de la sécurité des intervenants, une bonne lecture de rivière facilitera les manœuvres nécessaires à la réalisation du sauvetage. Les meilleurs intervenants en eau vive savent utiliser le courant à leur avantage. Dans un scénario de recherche ou de récupération, l’analyse adéquate des courants permettra aussi d’identifier plus rapidement les bonnes zones de probabilité.

Une bonne lecture de rivière est à la fois l’aptitude la plus essentielle et la plus difficile à maîtriser. Lire le courant et les obstacles nécessite des connaissances techniques, mais aussi beaucoup de pratique et d’expérience sur le terrain. Certains mouvements d’eau qui peuvent avoir un impact important sur l’intervention sont parfois visibles seulement par l’œil le plus aiguisé. L’exposition à l’environnement permet de développer, petit à petit, les aptitudes de lecture. Avec la progression, il devient également plus facile d’élargir son cadre d’analyse, avec une considération pour ce qui se trouve plus loin en amont et en aval, en considérant aussi le type de rivage, les changements potentiels, l’éloignement, etc. Profitez de toutes les occasions pour vous exposer à l’environnement (dans un cadre sécuritaire évidemment).

2. Être en mesure de procéder à son autosauvetage

Devenir un bon sauveteur en eau vive avec SIFAAvant même d’entreprendre une intervention à proximité de l’eau, il est essentiel que l’intervenant se trouvant dans une position où le risque de chute à l’eau est probable soit capable de procéder à son autosauvetage. Que ce soit à l’aide d’une nage défensive ou offensive, l’intervenant doit maîtriser les différentes techniques lui permettant d’assurer sa sécurité en cas de chute à l’eau involontaire. Il est essentiel de choisir la technique adéquate qui permet de minimiser les risques tels que les coincements de membres, en plus de favoriser une vision d’ensemble de l’environnement. La lecture de rivière adéquate, surtout l’exercice C.O.R.P.S traité précédemment, fera toute la différence dans une telle situation.

3. Connaître les nœuds de base sur le bout des doigts

Que ce soit pour le sauveteur de niveau sensibilisé, opérationnel ou technicien, la confection de différents nœuds est une aptitude essentielle pour le sauvetage en eau vive. Il n’est pas nécessaire de connaître 1001 nœuds. Concentrez-vous sur ceux qui ont une réelle application dans le domaine de l’eau vive. Il faut surtout connaître les propriétés et les usages des différents nœuds. Sous pression, avec une dextérité diminuée par le froid ou les gants, il faudra malgré tout préparer certains nœuds à la perfection. Apprenez-en plus sur les nœuds dans notre article : 5 nœuds essentiels pour le sauvetage nautique

4. Maîtriser l’utilisation du sac à corde

Intervenant en eau vive de SIFA, les aptitudes requises

Le sac à corde est sans doute l’outil le plus utilisé et le plus polyvalent dans un contexte de sauvetage en eau vive. En plus de l’utiliser pour le lancer vers une victime, celui-ci peut servir à faire des lignes de stabilisation, des systèmes d’avantage mécaniques, des mains-courantes et bien plus.

Il faut d’abord et avant tout s’assurer d’avoir un sac à corde adéquat en matière de longueur, diamètre et flottaison et le maintenir en bon état. Les premiers lancers sont rarement glorieux. Il est donc nécessaire de pratiquer pour développer une aisance avec cet outil. Les intervenants doivent être en mesure d’effectuer deux lancers en 40 secondes, à deux victimes différentes, dans de l’eau en mouvement, à une distance de 40 pieds. Pour atteindre cet objectif, les intervenants doivent maîtriser le lancer primaire du sac à corde, mais aussi le lancer secondaire, la communication et le travail à l’aide d’un vecteur. Lors d’une intervention, votre niveau d’efficacité avec cet outil peut faire toute la différence pour la victime. La personne à l’eau pourrait aussi être l’un de vos collègues ayant chuté lors d’une tentative de sauvetage, il faut donc pouvoir compter sur ses coéquipiers.

5. Avoir et surtout connaître son équipement

Les meilleurs sauveteurs en eau vive sont souvent aussi des « Gear Freak ». Les équipements utilisés peuvent être extrêmement variés et ceux-ci doivent être conçus de manière à bien fonctionner dans des conditions dynamiques, humides et parfois de manière non conventionnelle. Les équipements doivent aussi présenter le moins de risques possible pour les intervenants. Par exemple, ce ne sont pas tous les types de cordages qui peuvent être utilisés dans l’eau et ce ne sont pas tous les dispositifs de flottaison qui sont adaptés pour un usage professionnel en eau vive. Le choix d’une botte adéquate peut aussi représenter un casse-tête. Banc d’essai : bottes pour sauveteurs nautiques.

Seulement en ce qui concerne les EPI, il faudra considérer l’utilisation d’un dispositif de flottaison avec un système de dégagement rapide, d’un casque spécifique, d’une protection thermique, de gants spécifiques, de bottes spécifiques et d’un bon nombre d’accessoires qui peuvent s’ajouter selon le contexte. Ces pièces d’équipement ne sont pas utilisées quotidiennement par les équipes d’intervention. Il est donc important de s’intéresser aux équipements et de pratiquer avec ceux-ci. Le simple fait d’enfiler une combinaison étanche peut présenter un défi important pour un utilisateur qui n’est pas familier avec ce genre de combinaison et occasionner des délais lors de l’intervention.

À cela s’ajoute potentiellement l’utilisation d’autres équipements de sauvetage, de premiers soins, d’évacuation, de cordage et peut-être même d’embarcations de toutes sortes. En bref, il faut être en mesure de choisir le bon outil pour le bon travail.

Conclusion

Devenir un bon sauveteur en eau vive avec SIFA

Devenir un intervenant en sauvetage en eau vive nécessite une combinaison complexe de compétences et de connaissances. Bien qu’il existe d’autres éléments à développer, ceux présentés précédemment sont généralement ceux sur lesquels nous devons mettre l’accent lorsque nous offrons des formations de sauvetage en eau vive et zone inondée. Apprenez-en plus sur notre programme de formation en sauvetage en eau vive et zone inondée de l’ENPQ.